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SEBASTIEN LEPRESTRE, MARQUIS DE VAUBAN A TONNERRE .

Club d’ARBOIS - Conférence d’André Lejeune, le 24 mai 2007
  Cette année 2007 commémore le 300° anniversaire de la mort de VAUBAN, je voudrais vous parler de ce grand homme.
  Sébastien LEPRESTRE de VAUBAN est né à St LEGER FOUCHERETS qui plus tard deviendra St LEGER VAUBAN, près d'AVALLON : ses ascendants font partie de la petite noblesse. Son père a une lignée noble depuis quatre générations seulement ; sa mère, Françoise PREVOST sort d'une famille de marchands et de paysans enrichis. Tous ses oncles servirent dans l'armée de CONDE. VAUBAN fait des études courtes mais brillantes au collège de SEMUR en AUXOIS
Vauban, homme de guerre
 Ses études terminées, il s'engage à 18 ans dans le régiment de CONDE cavalerie. Il fait donc, en tant que Bourguignon, ses premières armes du côté des rebelles, les CONDE étant gouverneurs de BOURGOGNE depuis 1631.
  Il est employé à des fonctions d' ingénieur ordinaire, un apprentissage. Un maître qualifié lui enseigne la finesse du métier relatif à l'art d'assiéger les villes. Le rôle de l'ingénieur est de construire les forteresses, mais surtout, il commande sur le terrains car il est le conseiller du chef militaire pour préparer l'attaque. Il repère les endroits vulnérables où l'on donnera l'assaut et celui où il faudra creuser les fossés au fond desquels on déposera des mines afin d'ouvrir une brèche.
  L'ambition du Grand CONDE est de s'ouvrir les portes du royaume de France, comme Ste MENEHOUD, tenue par le roi.
  Lors du siège de cette ville en mars 1652, VAUBAN traverse l'AISNE à la nage. Il trouve l'endroit où il faudra déposer les mines. La garnison se rend quelques jours plus tard, après une résistance acharnée. Pour le récompenser, il est nommé " Maistre " (sous-officier).
DEBUT 1653, DONC A 20 ANS, VAUBAN CHANGE DE CAMP
  En 1653, ayant été fait prisonnier, il exige certaines conditions pour sa reddition ; il conserve son cheval et ses armes. Il est ramené devant MAZARIN qui l'interroge et réussit à le convaincre de travailler au service du roi. Il n'aura pas à s'en plaindre.
  Il rallie donc les troupes royales. Le jeune Sébastien est désormais au service du roi. Il est placé, comme volontaire, auprès du chevalier Louis-Nicolas de CLERVILLE, commissaire général des fortifications. Sous sa tutelle, il participe à nouveau au siège de Ste MENEHOULD, citadelle qu'il avait conquise une première fois, l'année précédente, avec l'armée rebelle et qu'il reconquiert, à présent avec l'armée du roi. La ville capitule le 25 novembre 1653 sous les yeux de Louis XIV qui, pour le récompenser le nomme lieutenant au Régiment d'Infanterie de Bourgogne, surnommé " Régiment des Repentis ", puisqu'il regroupe une grande partie des frondeurs bourguignons ralliés au régime.
  Avec Louis-Nicolas de CLERVILLE, il participe à de nombreux sièges, dont celui de STENAY dans la MEUSE, où il est blessé d'un coup de mousquet à la joue gauche dont il portera toujours la cicatrice, comme on peut le voir dans ses portraits.
  Il reçoit le brevet d'ingénieur militaire à 22 ans, le 3 mai 1675.
  Un congé d'un an lui permet d'épouser sa cousine, Jeanne d'OSNAY, le 25 mars 1660 au château de BAZOCHES, qu'il acquerra en 1675. C'est là que ses ingénieurs travailleront.
  Pour Louis XIV, la guerre, c'est la gloire ; il aime la guerre ; il serait donc fastidieux de conter toutes les campagnes, tous les sièges effectués par VAUBAN, puisqu'il participa à 23 sièges et à plus de 140 actions militaires, au cours desquels il fut blessé 8 fois. Il construisit 33 places fortes et en aménagea 300 autres.
  La guerre mobile succède à la périlleuse guerre de mouvement. VAUBAN, par ses fortifications imprenables, dissuade l'ennemi d'attaquer, économisant la vie de ses soldats. " Je préfère, dit-il, ménager la vie de 100 de mes soldats, que de faire 1000 prisonniers ".
  Il révolutionne l'art des fortifications : pas d'angle mort, tous les fossés sont couverts par l'artillerie. Ses forteresses sont adaptées au terrain et au progrès de l'artillerie, dotées d'une double ou triple enceinte, construites autant en pierre qu'en terre ; ce sont des modèles d'architecture classique. On dit de lui : " ville assiégée par VAUBAN, ville prise, ville défendue par VAUBAN, ville imprenable ".
  Il est partout et parcourt 2000 kilomètres par an, à cheval, en voiture de poste, souvent en chaise à porteurs, les porteurs étant deux mules. VAUBAN est l'homme qui connaît le mieux la France.
  En 1667, Philippe IV, roi d'Espagne, meurt. Sa fille, Marie-Thérèse, est l'épouse de Louis XIV. Celui-ci réclame son héritage : les PAYS-BAS. Ne l'obtenant pas, il les conquiert par la force.
  Il entre en FLANDRE avec 25000 hommes. C'est la guerre de dévolution (de " dévolu ", ce qui vous revient). La guerre se termine l'année suivante, 1668, par le traité d'AIX LA CHAPELLE qui donne à la France douze places flamandes, dont LILLE et DOUAI.
  La campagne de FRANCHE-COMTE a lieu en 1674. VAUBAN est dirigé vers cette province que Louis XIV vient de conquérir. Il est chargé d'établir des projets pour DOLE, SALINS, GRAY et BESANCON où, à la citadelle, il fait construire un puits de 132 mètres de profondeur afin d'atteindre le niveau du DOUBS. A SALINS, VAUBAN s'intéresse au fort St ANDRE en 1687, fort détruit pendant la campagne, et repense entièrement sa défense. On trouve deux grandes casernes, une chapelle, une poudrière à l'entrée, ainsi que le quartier des officiers. Pour le fort BELIN, beaucoup plus exigu, le tracé est adapté à la morphologie du terrain. Ce fort a été considérablement amélioré au XIX° siècle.
 LES PROMOTIONS DE VAUBAN
  En 1678, à 43 ans, il est nommé Commissaire Général des Fortifications.
  En 1683, il reçoit le grade de Lieutenant Colonel, correspondant à Général de Division.
  Le 21 août 1688, Lieutenant Général de Armées du Roi.
  En 1699, il entre à l'Académie des Sciences.
  En 1703, le jour de son départ en retraite, il est promu au maréchalat, récompenses reçus pour ses participations à de très nombreuses campagnes et pour avoir fait bâtir des fortifications sur toutes les frontière de France : En FLANDRE, en ALSACE, Luxembourg, ROUSSILLON, PROVENCE, côtes ATLANTIQUES.
Vauban, écrivain, homme politique.
  Ses réflexions s'étendent à l'économie, la société et la politique. Il travaille pendant ses très rares heures de loisir. Ce qu'il recherche, c'est le bien-être de la population. Il déplore l'appauvrissement qui suit les guerres interminables du règne.
EN HYDRAULIQUE
  Ses traités " Navigation des rivières ", " Projet de navigation d'une partie des places de FLANDRE à la mer ", " Création du canal du LANGUEDOC ". Il propose de rendre navigables 26 autres cours d'eau du royaume, pour faciliter le commerce intérieur et le développement de l'agriculture.
  En 1687, de passage à TONNERRE, seigneurie de LOUVOIS, il propose d'y créer un port pour le transport des bois.
  Il rédige un " Traité de la culture des forêts ", où il étudie le pourcentage à respecter entre taillis et futaies.
DEFENSEUR DE L'EDIT DE NANTES
  VAUBAN adresse au roi des mémoires lui signalant les conséquences fâcheuses de la Révocation. Louis XIV ne supporte pas le Protestants : " Etre catholique, sinon partir ". VAUBAN intervient : " les Protestants sont les plus performants et ils s'en vont ", dit-il. Il demande au roi de revenir sur sa décision.
  En 1688 il tombe malade ; le médecin du roi est impuissant. Plus tard on attribuera sa maladie à la malaria ; il s'en remet.
BIENFAITEUR DES PAUVRES
Il cherche ce qu'on pourrait faire pour combattre la pauvreté, améliorer la fertilité du pays, la façon de lutter contre la stérilité des femmes. Il cherche des moyens pour que les paysans se nourrissent mieux. Il pense au cochon et rédige un mémoire : " Cochonnerie ou calcul estimatif pour connaître la population d'une truie pendant dix années de temps ", solution pour lutter contre la disette. A PRESSY LE SEC, par exemple, il y a un port pour 479 habitants.
  La royauté a besoin de plus en plus d'argent : les guerres et la construction du château de VERSAILLES coûtent très cher, le roi est obligé de créer de nouveaux impôts.
  VAUBAN REDIGE EN 1694 UN " PROJET D'UNE DIME ROYALE "
   Il a toujours désiré un impôt égal pour tous. Il est le conseiller du roi, il voudrait imprimer au roi une humanité plus forte. Il estime la ponction fiscale intolérable. La société ne peut plus fonctionner correctement à cause des impôts. Il est logique que les nobles participent, mais il rencontre l'hostilité du roi.

  VAUBAN PROPOSE L'ENNOBLISSEMENT à des officiers et membres des corps assimilés (ingénieurs, commissaires) au bout de 20 ans de service. Il suggère de récompenser les services civils, diplomates couronnés de succès, magistrats distingués, auteurs de fait d'armes…
IL DRESSE EGALEMENT DES PLANS DE REFORME DES DIFFERENTES ARMES.
Vauban contre Louis XIV
  A partir des années 1680, VAUBAN prend le contre pied de la politique du roi
  Il manifeste son opposition au projet de l'aqueduc de MAINTENON, qui sera néanmoins construit en 1685, canal de 80 kilomètres devant amener au château de VERSAILLES une partie de l'eau de l'EURE. Il estime ce projet coûteux et inutile.
  Il est contre la légitimation des bâtards royaux : " Donner tant d'éclat à des naissances que la religion et la bienséance voudraient qu l'on tint cachées ".
 Trois ans avant sa mort, VAUBAN conduit le siège de BRISACH ; Six mois avant sa mort, il inspecte les places de FLANDRE.
  Jusqu'à la fin, VAUBAN fait preuve d'un courage et d'un dévouement exemplaires. Ainsi, il écrivait cette lettre en 1706 au ministre de la guerre, un an avant sa mort. En voici un extrait : " ….. je me sens tombé et fort affaibli par rapport à ce que je me suis vu autrefois…. Le roi me tenant lieu de toute chose, après Dieu, j'exécuterai tout ce qui lui paiera m'ordonner, quand je saurais même y devoir perdre la vie et il peut compter que la très sensible reconnaissance que j'ai de toutes ses bontés ne s'épuisera jamais. La seule grâce que j'ai à lui demander est de ménager un peu mon honneur ".
  Il meurt le 30 mars 1707 d'une congestion pulmonaire, ayant souffert, une grande partie de sa vie d'une bronchite chronique. Il est inhumé à BAZOCHES.
  NAPOLEON qui était un grand admirateur de VAUBAN fait déposer son cœur aux INVALIDES le 26 mai 1808.
  Monsieur de VAUBAN, on ne peut que vous admirer ; non seulement vous avez été un grand homme de guerre, tout en étant très soucieux de la vie de vos soldats ; vous avez conservé un sens humain, cherchant à faciliter la vie des humbles. Homme d'honneur, vous avez tout fait pour la grandeur de la France.


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