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Les mergers de mon pays

Les mergers de mon pays



En Bourgogne, autrefois, les gens n'étaient pas riches

mais ils étaient patients et surtout travailleurs.

Pour planter le vignoble, ils gagnaient sur les friches

lentement, chaque année, les biens de temps meilleurs.



Et dans tout le terroir, si pauvre à l'origine,

il leur fallut aussi, au prix de longs efforts

et de sueur au front, plus qu'on ne l'imagine,

épierrer les versants ; l'homme fut le plus fort !



Sur la terre en valeur, à présent délaissée

aux abords du vignoble, au hasard des plateaux,

il dressa ces mergers (1) en milions de hottées,

modelant un visage heureux à nos coteaux.



Pour un sol apprêté, il choisit les cépages :

gamays au grain juteux et pinots gris d'antan.

Que de regrets en nous et, en nous, que d'images !

Vignerons, vos travaux sont labeurs de titan !



Qui nous dira la peine obscure et mercenaire

de l'homme au dos courbé, du maître au tâcheron ?

Le travail était dur, cette oeuvre est millénaire ;

les mergers sont témoins du passé vigneron.



Ils sont sur les sommets d'éloquents témoignages

d'un peuple vigoureux, à l'espoir surhumain

qui vainquit la nature et brava ses orages,

la hotte à son service et la pioche à la main.



Aujourd'hui, cependant, un long tourment m'assaille ;

que penseraient ces gens, ouvriers pleins de foi,

s'ils revoyaient leur terre appauvrie de broussaille,

entourant les mergers, ce labeur d'autrefois ?

Jean GUILLY
Avec la terre et les Saisons
Poèmes - 1985

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